"MAIS QUELLE IDÉE DE MERDE !" 

Amateurs de galère, cet article est pour vous !!

Voilà ce qu'on était en train de se dire ce jeudi 6 juin alors qu'on était dans un bus qui fleurait non seulement les pieds mais toutes les odeurs corporelles imaginables, bloqués sur une route enneigée à plus de 3000 mètres d'altitude, entre Arequipa et Chivay... On avait décide de faire la région de Colca par nous-mêmes en ne prenant qu'un petit sac pour être plus libres : on se retrouvait coincés dans la neige en pleine nuit sans équipement mais surtout... sans rien à manger ! Et ça c'est beaucoup de souci, surtout pour Claire !



Il faut dire que la journée avait mal commencé : après 2h (infructueuses) d'appel à la banque de Claire et autant d'attente sur de la musique d'ascenseur, on s'était engagés dans 1 course-poursuite pour attraper notre bus de 14h, qui devait nous emmener à Cabanaconde, notre base d'exploration. Et là 1er échec : le bus est complet.

Pas grave, on prendra le suivant.
Le problème est que le suivant est le lendemain.

Pas grave, on décide de couper le trajet en 2 et de faire 1 halte à Chivay, à 2h de notre destination finale. De là, on pourra bien prendre un bus tôt le lendemain !

Bref, c'est parti pour 3h d'attente dans le terminal....
Pas grave, cela nous laisse le temps de boire 4 litres de coca et de jouer aux cartes.

On s'installe donc à la table vide d'un boui-boui vide (et moche) et on commence à jouer au Gin (Claire perd toujours pour ceux que les comptes intéressent). C'est alors que la serveuse qui n'a plus souri depuis.... qui n'aime pas sourire en fait, nous dit "No jugar ! No jugar !". Claire, 3 mois et demi d'espagnol dans les dents, rétorque du tac au tac : "No azucar, No gracias !" en montrant son Coca-Cola avant de lancer sa paire de valets dans un claquement de langue. Bon il a fallu qu'Arnaud traduise et c'est comme ça qu'on a dû remballer nos affaires et errer dans la gare : même à Paris, on ne s'était jamais fait virer d'un café pour "jouage de cartes" intempestif !!

Vous imaginez donc dans quel état d'esprit on était quand on est monté dans notre bus plus de 3h15 plus tard. Ben oui il était en retard. Forcément.

On a pris la route et très vite, on a remarqué des choses étranges : déjà il faisait froid. Et puis c'est quoi ces gouttes humides sur la vitre ? De la pluie ? Mais non, de la neige ! Et il y en avait de partout. Ouh lou lou, mais c'était pas du tout prévu ça ! On avait quitté Arequipa sous le soleil et dans nos sacs : ni kway, ni gros pulls, ni chaussettes en alpaga ! Au bout de 7 mois de voyage, de vrais débutants ! Bref, on était en train de se demander ce qu'on faisait là, alors qu'on aurait pu être en train de se prélasser dans les hamacs de l'hôtel... Au lieu de cela, Claire en profite pour se faire piquer par la seule guêpe vivant à plus de 3000m. L'insecte clandestin réalise l'exploit de planter son dard... à travers son pantalon ! De mal en pis, le bus s'arrête : il ne pouvait plus avancer à cause de la neige, on avait déjà 1h de retard et c'est là, qu'en chœur, on s'est exclamés "MAIS QUELLE IDÉE DE MERDE !"...

Il a fallu attendre la déblayeuse et quelques heures supplémentaires pour arriver à bon port, avec 4h de retard (pour un trajet de 3h) et sous une pluie battante ! On a pris le 1er hôtel qu'on trouvait (enfin plus exactement le 2ème, le 1er qu'on avait repéré étant fermé, évidemment !) et nous nous sommes endormis frigorifiés, pas très optimistes pour la suite de notre escapade ...

Le lendemain, on s'est levé tôt pour essayer d'avoir le bus de 7h du mat qui devait nous emmener à Cabanaconde. En espérant qu'il y ait de la place... mais surtout qu'il soit arrivé !
Et, comme on pouvait sans douter, notre bus n'était pas là. Plus inquiétant encore, celui de 4h du mat n'est pas arrivé non plus ! "Les conditions climatiques, vous savez". "Oui oui on sait merci !"

Bon on était à 2 doigts de rentrer à Arequipa mais c'est là que la chance a tourné : déjà le bus de 4h du mat est arrivé vers 7h15 et on a pu le prendre, presque à l'heure du coup. Ensuite, nous sommes descendus à Cruz del Condor et là, à quelques mètres de nous, on a pu admirer de nombreux et gigantesques condors. Un show époustouflant qui nous a presque mis la larme à l'œil. Puis, pour rejoindre notre destination finale, nous avons pu remonter dans.. le fameux bus de 7h30 qui arrivait à point nommé !

S'en est suivi 2 jours de randonnée -éprouvante- dans le 2ème plus grand canyon du monde (3400m de profondeur, soit 2 fois plus profond que le grand Canyon !). Le spectacle est à couper le souffle, tout comme le parcours sinueux (plus de 1800m de dénivelé négatif le J1... et 1070m de dénivelé positif le J2 !!) : montagnes enneigées, villages à flanc de colline (San Juan de Chuccho, Malata, Sangalle), terrasses incas... 

On passera la nuit dans un bungalow rustique d'Oasis après un plouf dans une piscine naturelle et dîner à la chandelle, car il n'y a pas d'électricité (ni de route d'ailleurs)... On s'est vraiment régalés (on ne parle pas du dîner, mais bien du trek !) et ça faisait du bien de marcher. Pour preuve, la galerie photos !


Le retour à Arequipa se fera lui, en 5h...
Bref, croyez-le ou non, tout ça, ça valait le coup ! Et franchement... c'était notre pire galère de tour du monde alors....

Mais cette fois, c'est fini : ON RANGE NOS BASKETS, C’ÉTAIT NOTRE DERNIÈRE GROSSE RANDONNÉ !!!! VRAIMENT !!! (mais ça c'est que Claire croit ! mouah ah ah !!)